A partir de 8 ans
Seul ?
Laurence Belet
Etrangement seuls, les adultes dans une société toujours plus oppressante, compétitive et froide. Extrêmement seuls, les enfants emportés dans le tourbillon du monde des adultes, cherchant leur place dans un quotidien qui les dépasse et les bouscule.
Tel un puzzle, les morceaux de ce spectacle s’assemblent, mêlant situations cocasses, caricatures du quotidien, tranches de vies au bord de la rupture et familles tourbillonnantes…
Les destins se croisent, les voix se délient, le rêve aussi trouve sa place.
La danse se mêle intimement à la manipulation des marionnettes. On assiste à la création d’un langage visuel venant habilement enrichir le propos.
Avec ce spectacle, la compagnie Rouges les Anges explore un sujet qui brûle d’actualités et propose aux enfants, comme aux plus grands, un regard emprunt d’humour et peu complaisant, sur nos vies d’adultes.
Ce spectacle constitue le premier volet d’un dyptique s’incluant dans un processus d’expérimentation de la Compagnie associant danse et marionnettes s’intitulant « Corps mouvementés, marionnettes tourmentées ».
Basile et Léontine sont deux enfants qui voudraient comme beaucoup d’autres grandir paisiblement.
Mais embarqués dans le tourbillon du monde des adultes, ils cherchent leur place dans un quotidien qui les dépasse et les oppresse.
Au milieu de « parents courant d’air » ou plongé dans un quotidien morose, chaque enfant, à la fois témoin et victime, maître précoce de son destin, subit, ou s’évade dans son imaginaire.
Dans un espace en mouvement, on retrouve les danseurs/adultes emportés par une chorégraphie endiablée de gestes du quotidien ou liés à leur activité professionnelles. En alternance, chaque enfant/marionnette apparaît dans son quotidien, espérant la venue de l’adulte qui l’aidera à avancer. Mais l’enfant se heurte à l’inadéquation de la réponse de l’adulte face à ses attentes :
Basile se retrouve emporté dans un tourbillon d’énergie qui ne lui est pas destiné et Léontine au milieu de conflits ou de silences assourdissants où elle n’a jamais de place.
Les déceptions successives renforcent leur sensation de solitude et leur sentiment de ne pouvoir être compris de la part d’adultes dont ils attendent tant.
Chacun pourtant trouve sa solution, soit dans la rencontre d’un manipulateur bienveillant qui s’arrête en chemin, lui offre une main experte (en manipulation) et lui apporte la confiance qui lui fait défaut, soit en plongeant dans un monde imaginaire dont la richesse lui permet de transcender le quotidien
Ce sont les gestes de la danse qui déclenchent la manipulation. Ceci explique la vie parfois chaotique de ces enfants marionnettes dont la vie marionnettique est intimement liée au mouvement du danseur.
La dépendance de la marionnette fait ici étrangement écho à celle de l’enfant vis-à-vis de l’adulte.
La lumière créé la scénographie.
En utilisant l’espace comme autant de possibilités de montrer ou de cacher. Elle met en valeur l’acte de manipulation, créant des espaces de jeu, détruisant les autres, véritable éclairage des situations
La musique accompagne cette création et se créée au fil des répétitions.
Elle évoque tour à tour la vie trépidante de certains adultes, ou la perte de repères pour d’autres, évoluant en parallèle à la solitude de l’enfant.
La scénographie est extrêmement sobre et constituée d’éléments à roulettes permettant de construire et de déconstruire rapidement des espaces de jeux à géométrie variable.
Ces éléments sont tour à tour des espaces pour les marionnettes, des chariots de supermarché, des véhicules, des bureaux…
Les marionnettes, très mobiles, sont d’un grand réalisme et ont la possibilité de parcourir une grande palette émotionnelle. Ce sont les enfants.
Le texte est dit par des voix off. Ce sont principalement de cours témoignages d’enfants, éclairant ponctuellement certaines situations ou émotions.